mardi 8 novembre 2016

Les Arajas, par Grégoire Bagot

Texte extrait du blog du Vieux Thorax, p.c.c. Grégoire Bagot et disponible ici : 
http://thoraxoblog.canalblog.com/archives/2016/07/24/34115880.html

J'ai découvert ce groupe à la M.J.C. Claudel, à Reims, en première partie de je ne sais plus qui. C'était vers 1988. L'association Un autre émoi organisait des concerts de rock là-bas. 
Les Arajas n'étaient alors que deux et c'était peut-être bien leur premier concert. Olivier Stupp, chanteur et guitariste semblait être bien connu et apprécié par toute la bande de Claudel (Tonio, Carole, Wadel, Thierry, etc.). Avec lui sur scène, un autre guitariste, Christophe Boisseau. Par chance j'ai enregistré ce concert et je ne l'ai pas regretté, c'était génial !
Ils reprenanient Juke Box Baby d'Alan Vega, mais dans une version plus rock et mélodique, excellente, ainsi que Walk on the wild side de Lou Reed. Et d'autres morceaux que je ne conaissais pas, sans doute des compos pour la plupart, tous chantés en anglais. Stupp avait une belle voix aïgue, éraillée, nerveuse et puissante. Et un super jeu de lead guitare, avec des solos pleins de reverb, tandis que Christophe assurait la guitare rythmique (électro-acoustique) saturée, avec un solide sens du beat. J'étais scotché, comme je le reste à chaque réécoute de ce concert.
Stupp venait du bout de la Marne (Sainte-Ménehould), près des Ardennes, tout comme Jean-Marc Wadel, le bassiste des Funeral Service. Assez vite après ce concert, ils ont tourné avec un batteur, Arthur (lui aussi de Sainte-Menehould). Je n'ai malheureusement pas de trace de cette formation, mais j'ai du les voir jouer en plein air, place d'Erlon, pour une fête de la musique. Ils ont joué aussi au 1792, une boite de nuit à Valmy, vers 1989.
Ensuite le groupe a pris une autre tournure, Christophe passant à la batterie à la place de Jean, et en accueillant Wadel à la contrebasse et Catherine (la soeur de Christophe) au clavier. C'est avec cette formation qu'ils sont passés à la vitesse supérieure, répétant beaucoup et réussissant à gagner le tremplin régional des Découvertes du Printemps de Bourges. Ils ont ainsi pu aller représenter le région Champagne-Ardenne à ce festival, sans doute en 1991. Cela n'a pas débouché sur une "victoire" nationale au tremplin, ni sur une signature avec un label, mais ils s'y sont fait remarqués et ont eu des contacts supplémentaires avec le milieu des "musiques amplifiées" (comme on disait alors).
Et en 1991 ils sont aussi allés à Bruxelles aux (réputés) studios ICP, pour enregistrer une démo de 5 titres, avec un son incroyable de qualité pour l'époque et pour un groupe français. Un son très ample, très équilibré, avec les rondeurs de la contrebasse, les aigus de la voix et de la guitare, la nettetté de toutes les parties musicales, de la batterie, du piano électrique (ou clavecin selon les titres). Un son très accoustique, un peu à la Violent Femmes, pas du garage ni punk car très propre, mais pas commercial non plus, un son puissant et saisissant.
Il y a d'abord la reprise de Requiem pour un con, de Gainsbourg, chanson qui était à l'époque bien moins connue qu'aujourd'hui, avec une version personnalisée et des supers arrangements de piano/batterie/contrebasse. Leur seul titre en français, la voix passe très bien.
Mais le meilleur reste à venir, avec Welcome to the TV Show, magnifique compo avec son riff de clavecin entêtant et ses saillies de guitare électrique façon mandoline italienne, plus des choeurs aériens et une fois encore, de supers arrangements batterie/contrebasse... "Yes we will be proud of ourselves" chante Stupp à tue-tête. En effet, il y avait de quoi l'être ! Mais c'est en fait un texte ironique sur la prétention et l'arrivisme (enfin grosso-modo, ça me semble être à peu près l'idée).
Les trois autres titres sont excellents eux aussi : Ten inches penis (!), Question of noze et Rosbeef (rosbeef in my heart, baby !). Sur cette dernière, il doit y avoir une guitare slidée qui sonne presque comme un violon. De toute façon ce groupe fourmille d'originalité et de classe d'une façon générale.
Je me souviens de les avoir vus sur la scène de l'Usine à Reims, dans cette formation, et ils sonnaient très bien en live aussi. On sentait qu'ils avaient fait un gros travail sur leur son, il faut dire qu'ils étaient tous plutôt du genre perfectionniste et qu'ils écoutaient beaucoup de trucs.
C'était l'époque à la con ou le vinyle était en déclin et le CD pas encore abordable pour les groupes amateurs, à moins de casser une grosse tirelire... Du coup cette démo n'a été diffusée qu'à l'état de K7 pour rechercher des concerts ou à quelques radios et labels. 
Par la suite, ils ont continué à gonfler, se faisant repérer par Noir Désir, qui leur avait proposé de faire leur première partie sur un gros concert parisien. Et ils ont eu des contacts sérieux avec une maison de disque. Mais là, on leur a demandé de chanter en français, alors pour Stupp, c'était hors de question qu'on lui impose un truc comme ça et il a refusé - à juste titre ! Un peu plus tard le groupe s'est arrêté. Je crois que c'est Stupp qui en a eu marre et a jetté l'éponge pour mener d'autres projets, sur Paris.
Ensuite il y a eu une deuxième (ou troisième) mouture du groupe, sous le nom de "Araja" (sans s et sans article), avec Christophe au chant et à la guitare (et au bouzouki électrifié ou un intrument dans ce genre), toujours Vadel à la contrebasse (ou à la basse, je ne sais plus) et Jean Bigot, l'ainé de trois frères qui ont tous joué de la batterie dans des groupes de rock rémois (Jean, Nicolas et Manel). Cela restait très bien, mais pas aussi bien que du temps de Stupp, à mon avis. Ils ont du jouer au moins trois ans et enregistrer quelques démos.
Avant le départ de Stupp, il y avait eu aussi des répétitions prometteuses avec un saxophone, tenu par Sylvain (ex-membre de plusieurs groupes rémois, dont Dynamo avec moi en 1994) mais restées sans suite (malgré un ou deux concerts, je crois).
En tout cas, voilà une démo qui mériterait grandement d'être (ré)éditée, si possible en vinyle 33tours, avec pourquoi pas quelques extraits du concert de Claudel en bonus (dont l'intensité compenserait la mauvaise qualité de l'enregistrement), le tout pour l'édification des jeunes générations de rockers de Reims et d'ailleurs !...

(rédigé de mémoire, cet article comporte sûrement des inexactitudes qui seront corrigées avec plaisir sur simple demande ;)

Quelques dates de concert des Arajas et de Araja :
 - 03/05/1989 : Shifters + Les Arajas @ M.J.C. Claudel - Reims / organisé par Un Autre Emoi
 - 16/02/1990: Passion Fodder + Les Arajas @ L'Usine - Reims
 - 12/10/1990: Festival Octob'rock - Les Arajas + Kid Pharaon @ L'Usine - Reims
 - 20/03/1991: Noir Désir + Les Requins Marteaux + Les Arajas @ L'Usine - Reims
 - 11/10/1991: Festival Octob'rock - Les Arajas + Black Maria + Dominic Sonic + Les Dogs @ le Cirque - Reims
 - 02/06/1994 : The Shoulders + Araja @ L'Usine - Reims
 - 06/12/1994 : Araja + Azteks @ M.J.C. Claudel - Reims
 - 16/12/1994 : Araja + Dynamo @ M.J.C. Claudel - Reims
Les Arajas figurent aussi avec 2 morceaux sur La compil du Nain Jaune Vol.4, éditée par Rod Caravannes vers 1990.
02 - Arajas - Cold friday
03 - Arajas - Nine is new

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